Dans le cadre de la lutte contre la pauvreté dans nos pays
en développement, la micro-finance constitue sans aucun doute une piste de solution intéressante
pour les Etats Africains. Il va sans dire que la maîtrise de ce mode de
financement n’est pas tout à fait l’apanage de nombreux pays. La méconnaissance
de la micro-finance et l’absence de réelles politiques nationales en vue de sa vulgarisation,
sont autant de raisons qui justifient sa faible utilisation.
Comme disait Socrate : « Avant de commencer
entendons nous sur le sens des mots », la définition de la micro-finance
est un préalable pour permettre à tout un chacun de savoir de quoi on parle. La
micro-finance désigne l’offre de produits et services financiers
aux populations pauvres et exclues des systèmes financiers traditionnels. Le microcrédit
constitue la dimension la plus connue de la micro-finance, toutefois une
diversité de produits et services est également proposée comme les comptes
courants, l’épargne et le transfert d’argent.
C’est au Bangladesh vers les années 70 que la micro-finance a été popularisée grâce au Pro-
fesseur Yunus. Il a aidé les ‘’pauvres’’
en les prêtant de petites sommes d’argent et en les accompagnant dans leurs activités,
grâce à cela le Pr. Yunus a pu faire sortir
des millions de ses compatriotes de la pauvreté. Cette réussite sociale et économique lui a même
valu le Prix Nobel de la Paix en 2006.
La micro-finance revêt plusieurs aspects intéressants qui
pourraient réduire considérablement la pauvreté dans nos zones rurales et urbaines. En zone rurale elle permet aux pauvres de créer et/ou de développer leurs toutes petites
activités commerciales ou agricoles
génératrices de revenus réguliers, ce qui est important quand on sait
que l’une des caractéristiques majeure du ‘’pauvre’’ c’est l’irrégularité de
ses revenus. La micro-épargne et la micro-assurance qui seront constituées grâce
à leurs activités économique, permettront à ceux-ci de faire face à certains
imprévus comme la maladie, ou encore certaines exigences comme l’école des
enfants. Les femmes sont les plus nécessiteuses,
elles sont souvent chefs dans les familles monoparentales dans certains de nos Etats. Ce sont elles qui
font le commerce ou l’agriculture dans nos villages pour pouvoir subvenir aux
besoins de la famille. Dans les zones rurales toujours, les coopératives
agricoles ou artisanales sont aussi les
cibles de la micro-finance. A travers elle, les membres pourront avoir accès à
des crédits qui leurs permettront d’augmenter leurs équipements de production,
ce qui ne leur ait pas permit par les crédits bancaires traditionnelles. La micro-finance dans ce cas renforce non
seulement les liens sociaux dans la communauté mais aussi offre aux membres de celle-ci les
moyens de sortir de la pauvreté en développant leurs moyens de subsistance.
Dans les zones urbaines, les jeunes et les femmes sont les
premiers demandeurs de financement. Les projets présentés par ces derniers ne
correspondent pas souvent aux lignes de crédits octroyées par les banques commerciales, ce qui pénalisent la création d’entreprises
et le développement des PME locales. C’est pourquoi, les IMF (Institution de
Micro-Finance) sont la solution adaptée à ce genre de projets peu coûteux en
financement. Plusieurs jeunes disposent des projets ou idée de projet,
cependant l’absence de garantie ou la complexité des pièces à fournir entravent comme toujours leurs financements par les
banques.
Au Gabon par exemple, il existe 11 IMF majeures et plusieurs
fonds d’aide aux PME. Ces institutions participent chacune à son niveau au financement
des PME et projets individuels. Depuis quelques années déjà des structures
comme FINAM, GAMIFI, CEFEC, LOXIA EMF, ont augmenté le volume de leurs financements à
cause du nombre important de demandeurs de crédit qui se dirigent vers eux
depuis quelques années. D'ailleurs les statistiques le prouvent, au 31 Décembre
2010 les ressources de l’ensemble du secteur se chiffraient à 11,90 milliards fCFA
soit une augmentation de 63% par rapport à 2009. Toutefois, leurs
disséminations à travers le territoire national reste faibles, ce qui ne
rapproche pas les IMF des plus nécessiteux, c'est-à-dire les jeunes et les
femmes. Les institutions de micro-finance sont initialement destinées aux ‘’pauvres’’,
ces derniers doivent mettre en place un réseau efficace d’agences pour soutenir
les petites activités commerciales à l’intérieur du pays car ce sont les
populations de l’arrière pays qui connaissent véritablement une carence en
financement.
L’Etat dans sa politique d’aide et de développement des PME
locales et des projets individuels,
avait mis en place des structures qui avaient pour vocation la vulgarisation
des IMF. Il s’agit du CNPMF (Cellule Nationale de Promotion de la Micro-finance)
ou encore le FODEX (Fond d’aide et d’EXpension).
Malheureusement avec l’absence de moyens conséquents et viables, et une gestion scabreuses des fonds alloués, ces
structures ou organismes n’ont pas connu le succès attendu. Il faut savoir que
des fonds permanents et surs sont des impératifs pour maintenir
le financement à long terme des
PME, or ces organismes souffrent d’insuffisance en capitaux permanent.
Il va sans dire que des efforts considérables restent à
fournir de la part de l’Etat mais aussi de la part des IMF locales. Une meilleure
politique de vulgarisation et de sensibilisation serait la bienvenue pour les
micro-entrepreneurs. Des fonds conséquents et permanents doivent être mobilisés
pour permettre aux organismes de micro-finances crées par l’Etat de jouer
pleinement leurs rôles. En ce qui concerne les IMF locales, un meilleur accompagnement des femmes et des projets
individuels dans les zones rurales est recommandé. La sensibilisation des bénéficiaires sur la
nécessité d’avoir une culture d’épargne et d’assurance. Des mécanismes doivent être
mises en place pour faciliter la
création des IMF afin que tous les détenteurs de projets puissent avoir un large
choix d’offres de financement.
La micro-finance est réellement une alternative pour la
lutte contre la pauvreté, elle permet aux populations vulnérables de développer leurs activités commerciales. Elle
autonomise les ‘’pauvres’’ en leurs permettant d’épargner et de prendre une
assurance. Cette stabilité financière garantie la scolarisation des enfants, leurs
soins médicaux, éloigne la famille de la faim et enfin responsabilise les
jeunes. Les coopératives et autres
groupements d’intérêt communs trouvent en la micro-finance un moyen de
développement de leurs activités, contrairement aux banques qui ne sont pas
trop friands de ce genre de financement ‘’à risque’’. La micro-finance a bien
réussi ailleurs, avec une meilleure adaptation par rapport à nos réalités, elle
peut sans aucuns doutes couvrir les besoins en financement des détenteurs de
projets ce qui in fine permettra à ces derniers de sortir de la pauvreté ou de
la précarité.
Vivement que la micro-finance participe à la lutte contre la pauvreté.
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