La problématique du jour est sans
aucun doute un sujet très sensible et en même temps central pour comprendre les
difficultés démocratiques que connaissent les pays Africains. C’est pourquoi j’ai
jugé impérieux de partager succinctement avec vous, jeunes Africains comme moi,
sur les explications que nous donnons à l’illimitation
des mandats de nos dirigeants.
J’aborderais cette incompréhension
par la première interrogation du thème : est ce que l’illimitation des
mandats est une volonté du peuple ? Je ne saurais la répondre au nom du
peuple tout entier, toutefois on peut se demander si ce peuple souhaite véritablement
une seule personne au pouvoir ad vitam aeternam ? La réponse aurait été
plus simple et évidente si les Etats où il y a illimitation des mandats n’étaient
pas des Républiques mais plutôt des royaumes. Effectivement la réponse aurait été évidente si
nous étions tous comme au SWAZILAND où il y a un roi dont la longévité n’est
pas contestée par le peuple. Dans ce
genre de cas, le problème ne se pose pas mais s’impose au peuple puisque c’est
un royaume. Maintenant en tant que république, où le pouvoir appartient en
principe au peuple et non à un individu, comment expliquer que ce même peuple puisse
permettre constitutionnellement qu’une personne qui a déjà dirigée puisse se
présenter autant de fois qu’elle le souhaite alors que nous sommes en
république ? Que c’est bizarre !
La constitution doit être l’expression
du peuple et non d’un groupuscule qui s’aborde le pouvoir du premier citer à
des fins partisanes ou personnelles. C’est malheureusement le cas dans certains
pays du continent, où les dirigeants prétendent parler ou agir au nom du peuple
alors qu’au fond ils le font à leurs noms propres ou à celui de leurs partis
politiques. C’est par ce canal ou cette usurpation, que certains dirigeants ont
illimité leurs mandats en faisant croire que c’est la volonté du peuple alors
que c’est tout simplement la leur.
Vous comprenez dès lors pourquoi
j’ai parlé plus haut d’incompréhension, parce que dès lors que nous sommes
constitués en république, nulle personne ne peut se présenter « n fois »
au poste de Président au risque de dénaturer la république. La loi dans certaines
républiques occidentales qui font office
de références, et même dans certains Etats Africains comme le GHANA, le CAP
VERT ou encore le SENEGAL, est quasiment la même en ce qui concerne la
limitation de mandat ; c’est un mandat « une fois » renouvelable
pour un président élu. Cette loi est formidable car elle exprime pleinement le
vrai sens de la république qui veut que le peuple renouvelle par elle-même et
pour elle-même sa classe dirigeante après deux mandats bien limités dans le
temps.
Cette analyse nous plonge automatiquement
dans le second point de ce sujet. Est-ce une pratique dictatoriale que de se
présenter autant de fois qu’on le souhaite ? Les personnes concernées
répondront tout simplement « non » parce que considérant que la
constitution le permet. C’est tout à fait normal de répondre ainsi même si nous
savons tous à l’image de qui cette constitution a été faite, en tout cas pas à l’image
du peuple.
Le peuple ne peut pas lui-même choisir
et donner le fouet avec lequel on va le battre à des fouetteurs. Si je le dit c’est
parce que l’illimitation de mandat est comme un fouet et celui qui exerce cette
illimitation est un fouetteur, donc un dictateur. La constitution dans une
véritable république ne peut, selon moi, accorder une telle pratique parce que
si c’est le cas alors la république se confond à la dictature.
De deux choses l’une, soit nous sommes une république soit une
dictature. Il faut qu’on se situe pour savoir sur quel régime fonctionnons-nous.
C’est cette confusion qui entache fortement la démocratie et le développement
de nos pays. On se considère en république alors que les pratiques courantes
sont dictatoriales ; parce que comment expliquer qu’un président qui sait
que sont mandat prend fin sous peu, décide unilatéralement de changer la
constitution et de prolonger le mandat pour rester au pouvoir ? Sommes-nous
dans ce cas dans une république ou dans une dictature ?
J.J Rousseau dans le Contrat Social explique que le
sénat Romains nommait un dictateur que
lorsque l’intérêt supérieur de la Nation était mis en danger. D’ailleurs cette
nomination se faisait en secret et la nuit parce que la loi ne permettait pas à
un homme d’être au dessus des lois. De nos jours, pour revenir chez nous en
Afrique, nos dirigeants se mettent tout le temps au dessus des lois non pas au
nom de la nation mais à leurs noms propres. Avec tout cela comment ne pas se
dire que nous sommes vraisemblablement dans des dictatures qui ont l’apparence
formelle de république. Les dirigeants qui changent les constitutions au gré de
leurs ambitions ou attachement au pouvoir, font de nos Etats des dictatures
pures et dures surtout lorsque ces pratiques sont courantes à tous les niveaux
de décisions.
Pour finir je pense qu’il serait judicieux pour nos pays et
pour le peuple Africain de revoir profondément les textes qui régissent la
pratique du pouvoir, surtout au niveau des mandats des Présidents. La
république doit s’exprimer dans toute sa plénitude et non la cloisonnée à des
fins personnels qui ternissent sans aucun doute l’image des pays où la
limitation de mandat n’est pas effective.
vivement que tous respectent la constitution.
vivement que tous respectent la constitution.